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Actualité CTMV
9 septembre 2008

Sud Ouest - 9 septembre 2008

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Du vin au fond des cales

CHER CARBURANT. --La Compagnie de transport maritime à la voile va construire deux ketchs qui lui permettront de transporter du vin de Bordeaux vers la Grande-Bretagne. Bon et écologique

C'était au début du siècle dernier, du temps de la marine marchande à voiles. Petits et grands Bretons commerçaient à fond la cale et de fameux trois-mâts naviguaient au large ou sur la Manche. Frédéric Albert, cofondateur avec Philippe Videau (Compagnie des îles du Ponant) de la Compagnie de transport maritime à la voile, dont le siège est basé au Cap-d'Agde, a voulu remettre au goût du jour ce mode de transport. Un pari qui peut paraître complètement fou face à la concurrence des cargos et des porte-conteneurs titanesques. Une idée séduisante. Ce n'est pas un hasard si Frédéric Albert a dévoilé son projet lors de Vinexpo, à Bordeaux, l'an dernier. Dans un premier temps, les goélettes, qu'il a en tête, ne transporteraient que du vin de Bordeaux vers la Grande-Bretagne. L'idée séduit. Un des premiers mécènes est l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). « À l'occasion du tour d'Irlande du trois-mâts « Belem », les importateurs irlandais se sont engagés à commander 3 millions de bouteilles, soit plus que le premier bateau pourra transporter en une année », explique le patron de CTMV. Sept autres importateurs ont donné leur accord. Restait à obtenir le feu vert des banques pour lancer la construction des deux premières goélettes, dont le coût à l'unité est de 5 à 6 millions d'euros. C'est chose faite depuis l'automne dernier. Le bureau nantais, Ship Studio, pouvait plancher pour dessiner le voilier marchand. Après plusieurs ébauches et retouches, il est aujourd'hui terminé (voir image). « Nous avions un cahier des charges qui consistait à dessiner un voilier qui pourrait transporter 120 tonnes entre Bordeaux et l'Irlande. Nous nous sommes inspiré des derniers caboteurs à voile. C'étaient des bateaux plats de 25 à 30 mètres, très peu confortables, qui n'allaient pas vite et ne remontaient pas au vent », raconte Laurent Mermier. L'école d'ingénieurs de marine de Brest a donc donné un coup de main, le designer Joël Brétécher s'est joint à l'aventure et Météo Consult a fourni des statistiques sur dix ans. Le résultat a donné un ketch de 43 mètres, avec un pont de 10 mètres de large pour 45 mètres de long. Un retour aux sources. « Ce bateau prototype qui ressemble aux voiliers hauturiers remontera au vent et aura une vitesse moyenne de 10 nœuds. Il possédera également un moteur à hélice en cas de pétole ou pour les manœuvres dans les ports mais avancera, les trois quarts du temps, à la voile », poursuit Laurent Mermier. Il s'agit là de l'engagement écologique pris par CTMV. Certes, il sera deux fois moins rapide que les porte-conteneurs modernes mais il émettra sept fois moins de gaz à effet de serre. De plus, il pourrait être équipé d'un groupe électrogène à air comprimé. Dès que le financement sera totalement bouclé, la construction des ketchs devrait commencer, en début d'année 2009. Les chantiers pressentis sont CIB à Brest et CNOI à l'île Maurice. Chaque bateau marchand aura une capacité de 90 000 bouteilles, qui voyageront dans les cales à une température de 17 °C. Finalement ce mode de transport n'est qu'un retour aux sources. « Les vins profiteront du phénomène en vertu duquel le tangage et le roulis propres aux voiliers accéléreraient leur vieillissement. Ce phénomène amenait des producteurs bordelais à offrir leur vin comme lest aux navires dans le but de le récupérer après le voyage. On appelait ce vin le ''bordeaux-retour''», raconte Frédéric Albert. Côté prix du transport, celui-ci ne devrait pas dépasser de 10 à 15 % celui pratiqué par les navires conventionnels. Reste donc à séduire le maximum de clients dans le Bordelais. Les bouteilles transportées seront marquées du label doré : « Transporté à la voile, une meilleure solution pour la planète ». Les premières rotations se feront tous les dix à quinze jours en sachant que l'aller-retour avec l'Irlande prendra six jours.

Source : http://www.sudouest.com/090908/une.asp?Article=080908aP3088001.xml

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